DU DEMMARAGE AU DECOLLAGE, LES STRATEGIES POUR SORTIR DU SOUS-DEVELOPPEMENT

Par Jonathan Tordjman

Lorsqu’un pays sous-développé entreprend des actions pour tenter d’améliorer sa situation, il est possible de dire que celui-ci est en phase de démarrage économique dans le but d’atteindre la phase de décollage. D’après la théorie de la modernisation de W.W. Rostow[i], les sociétés traversent des étapes dans leur croissance économique. La période de transition entre le démarrage et le décollage consiste à « renverser les obstacles et les barrages qui s’opposent à la croissance régulière »[ii] pour un Etat.

Pour essayer de comprendre quelles sont les opportunités possibles pour parvenir à « décoller » dans la croissance économique, il sera question dans une première partie d’analyser certaines situations qui peuvent être considérées comme des causes du sous-développement. Ensuite, l’accent sera porté sur des stratégies de politique commerciale adoptées par les pays en voie de développement. Pour finir, des idées très récentes dans l’optique du développement, sous formes de microprojets seront abordées.

Les raisons pour lesquelles des pays sont décrits comme sous-développés sont nombreuses et variées, différents facteurs peuvent expliquer plusieurs conséquences. Selon Hervé Leibenstein[iii], des caractéristiques distinctes sont déterminantes, elles peuvent être de conséquence naturelle ou issues de contextes historiques.

Pour débuter, ces raisons sont dans un premier temps d’ordre économique, par exemple, si l’épargne est pratiquement nulle pour une grande majorité de la population. Dans la même catégorie, il est également possible de citer l’exportation des denrées alimentaires ou de matières premières qui sont pourtant nécessaires à la survie des habitants. Ces raisons sont aussi le fruit de caractéristiques démographiques comme le surpeuplement rural ou encore le caractère rudimentaire de l’hygiène, de la santé publique et de l’équipement sanitaire. Parallèlement, les traits politiques et culturels ont aussi un impact, la situation et statuts inférieurs de la femme ainsi que le comportement généralement déterminé par la tradition ont pu conduire au sous-développement. Finalement, les derniers facteurs sont d’ordre technologique et divers. Certains Etats sont confrontés à des moyens de transports et de communication très restreints, d’autres ont une technologie dite « primitive »[iv].

Selon Celso Furtado[v], « Pour comprendre les causes et la persistance du sous-développement, il est nécessaire d’étudier celui-ci en tant que partie d’une totalité en mouvement, et en tant qu’expression de la dynamique du système économique mondial engendré par le capitalisme industriel ». Pour cet économiste, le développement accéléré des pays occidentaux a créé un écart important avec les pays du Sud et donc engendré une dépendance. La solution pour combler cet écart et lutter contre le sous-développement passe par la mise en place de structures productives, mais il faut également de la créativité et une politique d’ouverture à l’aide internationale.

Maintenant que les causes du sous-développement ont été mentionnées, l’observation se porte sur les moyens mis en œuvre pour sortir de cette phase. Pour W.W Rostow[vi], ceci met en valeur le rôle de la technologie, des industries et des capitaux importés, mais comment y parvenir ?

Un ouvrage paru dans Revue économique fait mention des stratégies de politique commerciale pour une sortie de la « trappe du développement »[vii], beaucoup d’explications sont accompagnées de formules purement mathématiques. Pour diminuer le sous-développement, il est possible de considérer les stratégies suivantes. Les pays doivent adopter une politique de libéralisation commerciale en utilisant au maximum les forces centrifuges présentes sur le territoire, en gros effectuer une synergie avec les structures déjà en place dans l’Etat.  Par la suite, une stratégie capitale est « l’intensité de la diffusion technologique »[viii], les pays du Nord ont la possibilité de la communiquer aux pays sous-développés, c’est ce sur quoi ils doivent contribuer. Les Etats doivent également avoir une capacité à attirer les activités industrielles.

Ces stratégies sont évidemment théoriques mais font partie des clés du développement, l’hypothèse de l’exposé sous-entend un succès en cas de possible coopération. Ceci rend compte de l’importance des régimes en place dans les pays pauvres et de la volonté des dirigeants souvent autoritaires, seule une politique allant dans le sens de la population peut changer la donne. De plus, les pays du Nord présentent parfois une motivation restreinte au niveau de l’aide et ont trop souvent tendance à y chercher un intérêt de nature économique.

Le 4 et 5 mars 2010, l’Agence française de développement, la Fondation Bill Gates et la Banque Mondiale ont organisé un « Forum des innovations financières pour le développement »[ix]. Le but était de mettre en lumière les nouvelles idées de mécanismes financiers contribuant à mieux répondre aux défis du développement au niveau global, voici une présentation du projet[x]. Parmi les meilleures idées, on retrouve : une micro assurance contre les ouragans pour les riziculteurs, les riziculteurs pourraient s’inscrire avec une téléphone portable fourni, seraient alertés en cas de risques et indemnisés en cas de dommages. Un prêt concédé par les pollueurs est aussi à l’étude ; le consommateur en ligne pourrait devenir « banquier solidaire » (tous les prix arrondis au dollar supérieur et les surplus reversés). Une multitude d’autres projets visent à financer éducation, santé et énergie.

Finalement, ceci est anecdotique mais il est possible de sous-entendre que si le sous-développement existe, c’est parce que nous sommes en présence du développement, l’un s’oppose, se compare et s’identifie à l’autre. Les stratégies pour passer du démarrage au décollage sont nombreuses, mais compte sur la volonté des dirigeants de ce monde ainsi que sur la prise d’initiatives des entrepreneurs. La création de projets en faveur du développement de la part de la société civile est donc primordiale pour s’accorder avec l’économie.


[i] W.W. Rostow, « Les étapes de la croissance économique ».

[ii] W.W. Rostow.

[iii] Voir Tamas Szentes, « Economie politique du sous-développement », p27.

[iv] Tamas Szentes.

[v] Celso Furtado, « Les racines du sous-développement », p404.

[vi] W.W. Rostow.

[vii] Arsène Rieber et Thi Anh-Dao Tran, « Stratégies de politique commerciale pour une sortie de la trappe de sous-développement.

[viii] Arsène Rieber et Thi Anh-Dao Tran.

[ix] Pierre Cochez, « Des idées nouvelles pour le développement ».

[x] Site officiel du forum des innovations financières pour le développement. En ligne.

Bibliographie

Celso, Furtado. 1997. « Les racines du sous-développement ». Tiers-Monde 38 (no 150): 403-407.

Cochez, Pierre. 2010. « Des idées nouvelles pour le développement ». La Croix (Paris), 4 mars: 17.

Rieber Arsène et Tran Thi. 2002. « Stratègies de politique commerciale pour une sortie de la trappe de sous-développement ». Revue économique 2002 (no 2): 223-243.

Rostow,Walt W , « Les cinq étapes de la croissance », Les étapes de la croissance économique. Paris : Seuil, 1975 : Chapitre 2 : pp. 13‐32.

Szentes, Tamas. 1986. Economie politique du sous-développement. Paris: Editions l’Harmattan. Volume 15 de Bibliothèque du développement.

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03 2010

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