L’ARGENTINE ET LA MONDIALISATION

Par Laura Picard

Une question aujourd’hui nous permettrait d’ouvrir cet article et le débat concernant l’instabilité criante de l’Argentine : de 1999 à 2007, sept Chefs d’Etats se sont succédés à la tête de ce pays où les révoltes sociales dessinent les contours du désespoir de la population argentine et sa méfiance politique1. Ceci représente alors un obstacle au développement de l’argentine dans un système mondialisé et à la création d’une force économique émergente. Comment l’Argentine en est elle arrivée là et quelles sont aujourd’hui les tentatives politiques mises en œuvre pour ressouder cet Etat et économie émergente ?

La crise de 1998-2002 a fortement diminué les forces de l’Argentine.  En 2001, précédé d’une renommé prestigieuse et salvatrice due à ses interventions économiques dans les années 1990 notamment concernant l’alignement peso dollars, le ministre de l’Economie, Domingo Cavallo, est dessaisi de ses fonctions2. Le géniteur du « miracle Argentin » des années 1990 a fini par tuer son économie. En effet, dès 1998 la hausse du dollar met en péril les économies des pays en développement. L’Amérique latine qui suit de très près le continent asiatique dans cette dynamique est peu préparée aux conséquences et possède une population pauvre et fragile très nombreuse3. Les mesures prises par le ministre de l’économie sont sévères : l’instauration du corralito est une très bonne illustration de cette politique économique restrictive. Limitant les retraits d’argent à 250 pesos par semaine ainsi que l’envoi de fonds vers l’extérieur, cette mesure prise pour lutter contre la fuite des capitaux ne fait que gangrener la situation. La panique de la population se témoigne par un retrait massif des dépôts des banques, des manifestations populaires et une perte de confiance de la population envers ses dirigeants. Le président Duhalde de la Rua qui décide de prolonger le corralito de quatre-vingt-dix jours à un an va d’ailleurs y perdre son poste. La déstabilisation politique qui s’en suit décourage le dynamisme des investissements étrangers et plonge le pays dans le désœuvrement. Alors que faire ? Quelle solution existe pour ressouder le pays face à la crise économique mondiale aujourd’hui après sept changements de direction politique en six ans ?

L’Argentine, pays le plus touché par la crise de l’Amérique latine ne semble pas pouvoir se redresser et pourtant, Cristina Fernandez de Kirchner, la présidente actuelle semble vouloir relever cette difficulté. Elle surprend son entourage lorsqu’elle décide de se distingue de ses prédécesseurs en proposant des reformes politiques à caractère socialiste. Elle déjoue ainsi les règles du jeu de la mondialisation. « photo »

Le 25 octobre 2008, la présidente décide de revenir à un modèle de retraite par répartition est met alors un pieds de nez au système par capitalisation inégalitaire et dangereux pour les couches de la population les plus fragiles. Dans la même dynamique, Cristina Fernandez de Kirchner annonce une politique de grand travaux extrêmement bénéfique aux sans emplois et aux les plus pauvres en général4.

Ces pratiques plus socialistes nous permettent de nous poser une question : nous avons déjà vu en Europe par exemple que les politiques économiques fondés sur la théorie de Keynes ne suffisent plus dans un contexte de mondialisation. Alors doit on penser que, la présidente, Cristina Fernandez de Kirchner utilise ici une stratégie populiste, garantissant emploi et protection plus importante et égalitaire, en vu de garder son pouvoir ? Où est-ce réellement une stratégie pour ressouder le pays, anesthésier les nids de révoltes et sortir plus fort pour affronter la crise économique mondiale et le développement? ́ La présidente dit d’ailleurs à ce sujet “qu’avec ces mesures, nous pourrons faire face au vent qui souffle de l’extérieur, avec la certitude et la conviction que nous avons assez de force pour le faire”. Seulement ces paroles pleines de promesses inquiètent certains politiciens qui ont malheureusement vu les dégâts des précédents mouvements populistes en Argentine de 1940 à 1999 environ. Deux conclusions sont alors envisageables pour l’avenir du pays : si les fonds sont effectivement utilisés à la bonne marche des réformes entreprises alors nous ne pouvons dénigrer la volonté de Cristina Fernandez de Kirchner de vouloir utiliser le populisme comme ciment pour l’Argentine, soudant la population pour créer une Argentine plus forte et combattante. À l’inverse si les ressources ne sont pas utilisés dans le seul but d’avaliser les réformes nous pouvons alors supposer que ce pays d’Amérique déjà très affaibli continuera vers la pente de la déchéance économique et du chaos politique.

1 Richard, Stahler-sholk

2 Jonathan Veillette

3 Victor, Armony

4 Pierre Boisson

Bibliographie

Taylor, Lance External liberalization in Asia, post-socialist Europe, and Brazil (Toronto : Oxford University Press, 2006)

Victor, Armony, L’énigme argentine : images d’une société en crise. (Québec : Athéna éditions, 2005.)

Pierre Boisson. 2009. La politique de Cristina Kirchner: une réponse populiste à la crise financière mondiale ? En ligne http://www.politiquessociales.net/IMG/pdf/Pierre_boisson_final.pdf (page consultée le 8 mars 2010)

Jonathan Veillette. 2006. Domingo Cavallo : victime ou artisan de la crise argentine ? En ligne http://www.lepanoptique.com/sections/politique-economie/domingo-cavallo-victime-ou-artisan-de-la-crise-argentine/ (page consultée le 9 mars 2010)

Wikipédia pour la définition de certains concepts :

Crise argentine : http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_économique_argentine (page consultée le 8 mars 2010)

Cristina Fernandez de Kirchner : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cristina_Fernandez_de_Kirchner (Page consultée le 9 mars 2010)

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04 2010

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