BRETTON WOODS AU HONDURAS

Par Sarah Veilleux-Doyon

La fin de la Deuxième Guerre mondiale a donné naissance à de grandes institutions internationales dans le but d’éviter une autre guerre d’une telle envergure. Aussi surprenant que cela puisse paraître de prime abord, ces institutions ont eu un impact considérable sur le développement de nombreux pays du tiers-monde. En effet, les institutions de Bretton Woods ont contribué au développement de pays en voie de développement de différentes manières. Pour certains pays, cette contribution a été positive, pour d’autres l’histoire n’est pas aussi rose. Dans ce billet, je me pencherai sur l’impact des institutions de Bretton Woods; le Fond monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, sur le développement économique du Honduras. Pour ce faire, je commencerai par expliquer la manière dont le FMI et la Banque mondiale influencent la situation économique des pays en voie de développement puis je démontrerai les effets de ces institutions sur la situation économique hondurienne.

Le FMI et la Banque mondiale ont été créés en juin 1944, à Bretton Woods au New Hampshire lors d’une conférence regroupant les dirigeants de 43 pays. Cette conférence avait pour objectif d’« établir un cadre de coopération et de développement économiques qui jetterait les bases d’une économie mondiale plus stable et plus prospère [1]». Ces institutions ont chacune des fonctions distinctes; « le FMI s’efforce d’assurer la stabilité du système financier international et la Banque mondiale se consacre au développement économique à long terme et à la lutte contre la pauvreté [2]». Plus en profondeur, le FMI fournit aux pays des conseils de politiques macroéconomiques et financières pour les aider à maintenir une économie forte. Il peut aussi octroyer des prêts pour régler les paiements internationaux. De son côté, la Banque mondiale se concentre sur la réduction de la pauvreté et sur le développement économique à long terme. Sa façon de fonctionner consiste à accorder des concours techniques et financiers aux pays dans le but de réaliser des réformes sectorielles ou des projets spécifiques tels que la construction d’écoles, de centres sanitaires ou de réseaux d’aqueduc et d’électricité. La Banque mondiale comprend aussi la Banque internationale de reconstruction et de développement (BIRD).

Les institutions de Bretton Woods jouent un rôle important dans le développement des pays du Sud et sont présentes dans plusieurs théories du développement. La théorie de la modernisation rationalise et organise l’aide au développement en se basant sur l’idée d’une formule du développement. Puis, les institutions de Bretton Woods sont au centre des théories du développement avec le nouvel ordre économique international (NOEI) et l’approche des besoins essentiels. Le NOEI propose une augmentation de l’aide internationale; aide publique au développement, investissements du Nord, financement international. L’approche des besoins essentiels, quant à elle, a été fondée par le président de la Banque mondiale en 1972, Robert McNamara lors d’un discours dans lequel il affirmait qu’il fallait diriger l’aide publique au développement vers les plus pauvres et répondre aux besoins de nutrition, de santé, de logement, d’emploi et d’éducation[3]. Finalement, le système de Bretton Woods a commencé à décliner avec la mondialisation financière[4].

Plusieurs critiques sont portées aux institutions de Bretton Woods quant à la façon dont elles apportent leur aide aux pays demandeurs de fonds. Pour obtenir du financement, le FMI et la Banque mondiale posent des conditions aux pays selon le consensus de Washington tel que la libéralisation des marchés, des investissements et du secteur financier ainsi que la dérégulation et la privatisation des entreprises nationales[5]. De plus, le fait que ces institutions décident des politiques économiques résulte en une perte d’autorité du gouvernement sur l’économie de son pays. Par ailleurs, le gouvernement perd souvent sont rôle de plus grand fournisseur de services et de biens essentiels tel que la santé et l’éducation causées par le partenariat entre ces institutions et le secteur privé ce qui se termine souvent en une détérioration de ces services[6].

Au Honduras, l’aide des institutions de Bretton Woods remonte à plus de cinquante ans. En effet, en 1958 un don de 5,5 millions de dollars a été octroyé au Honduras pour la construction d’un réseau d’autoroutes. Le remboursement devait se faire sur vingt ans à un taux de plus de 5% d’intérêts en incluant la commission de la BIRD[7]. Les deux principaux projets de la Banque mondiale de la dernière décennie au Honduras sont la réparation du barrage El Cajon et la reconstruction après l’ouragan Mitch. Pour Jeffrey T. Jackson, les employés de la Banque mondiale et autres organisations de développement sont les principaux acteurs de la dernière vague de mondialisation économique et politique servant le secteur des services de pays « donneurs » du Nord[8]. Par ailleurs, il remarque que ce n’est pas la population du Honduras qui bénéficie des projets de la Banque mondiale, mais plutôt les pays du Nord, particulièrement les États-Unis. La reconstruction du pays après l’ouragan Mitch a transformé l’aide humanitaire en entreprise capitaliste[9].

Finalement, le FMI et la Banque mondiale contribuent certainement au développement de certains pays du Sud. Par contre, les impacts de leur travail sont considérables. Pour certains pays, l’aide leur permet effectivement de se développer, pour d’autres le développement se paie cher. Pour le Honduras, on remarque que même si du progrès a été fait, les plus grands bénéficiaires restent les pays donateurs du Nord, ce qui n’est pas surprenant considérants que les principaux décideurs des institutions de Bretton Woods sont les décideurs des pays du G7.

Bibliographie

Bretton Woods project. 2005. What are the main concerns and criticism about World Bank and IMF? En ligne. http://www.brettonwoodsproject.org/item.shtml?x=320869 (page consultée le 9 avril 2010)

Caouette, Dominique. S.d. Présentations. En ligne.  http://www.coursenligne.umontreal.ca/SCRIPT/POL3802_1_1/scripts/serve_home (page consultée le 9 avril 2010)

FMI. 2008.  Le FMI et la Banque mondiale. En ligne, http://www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/imfwbf.htm (page consultée le 9 avril 2010)

Jackson, J.T. 2005. The Globalizers: Development Workers in Action. Baltimore: John Hopkins University Press.

International Bank for Reconstruction and Development. 1958. International Organization 12, 381-383.


[1] FMI, en ligne.

[2] Ibid.

[3] Caouette, D. séance 4, en ligne.

[4] Caouette, D. séance 5, en ligne.

[5] Bretton Woods project, en ligne.

[6] Ibid.

[7] University of Wisconsin Press, 382.

[8] Jackson, 3.

[9] Jackson, 208.

About The Author

admin

Other posts by

Author his web site

02

05 2010

Your Comment